vendredi 23 janvier 2009

R. P. Paul de Jaegher, La vie d'identification au Christ Jésus


Lorsque les fondements sont renversés, que peut faire le juste ? (Ps. xi, 3, Crampon) En ces jours de châtiment et de ténèbres, alors que la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine est éclipsée, il importe de se séparer de l’impiété et de l’apostasie générales afin de se concentrer sur l’unum necessarium, « l’unique nécessaire » qu’est la vie mystique, principe et source de la divinisation, finalité surnaturelle de l’homme. La doctrine de la grâce sanctifiante, qui est l’inhabitation de la Très Sainte Trinité en l’âme, en est la clef.

Dès lors, écrit le R.P. de Jaegher,
on comprend facilement combien il serait bon d’inculquer à temps et à contre-temps la dévotion à la présence divine en nous. Trop d’âmes ne voient là qu’une espèce de métaphore. C’est bien dommage, car l’heure est venue où Dieu les invite à rentrer en elles-mêmes, pour y converser avec lui dans l’oraison de recueillement passif ou de quiétude.

Il ne suffit plus (si tant est que cela ait jamais été le cas) de se vouloir bon catholique, de « faire ce qui a toujours été fait », de fréquenter les chapelles où est célébrée la Messe traditionnelle, ni même d’obtenir des sacrements valides (chose de plus en plus rare), pour échapper à l’emprise croissante de l’esprit de l’Antéchrist : sans la réalisation de l’identification à Jésus-Christ, il est impossible de résister à Lucifer déchaîné et à ses anges déchus, qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo, « qui sont à l’œuvre dans le monde pour la perte des âmes » (exorcisme de Léon xiii). En vérité, le monde en perdition n’a pas besoin d’honnêtes chrétiens mais de saints.

Or, la pratique chrétienne courante, même assez fervente, n’est en quelque sorte que la caricature, ou l’écorce, du christianisme véritable – celui des Saintes-Ecritures et des Pères. A notre avis, certaines spiritualités analogues d’union à Jésus perdent un peu, beaucoup même peut-être, de leur sublimité et surtout de leur valeur pratique et sanctifiante parce qu’elles ne reposent pas, ou du moins pas assez, sur la doctrine de la présence réelle de Jésus en nous. Elles créent par endroits l’impression d’une union de pure solidarité, d’amitié ou de donation complète de soi ; et, si même elles parlent de la présence de Jésus en nous par sa grâce, on a l’impression qu’il s’agit d’une présence d’influence, non d’une présence réelle, et qu’il n’est question que du don créé de la grâce, et non de l’inhabitation divine que la grâce implique.

Il est étrange vraiment que cette conception si paulinienne soit si rare et si peu adoptée dans la pratique. Combien rares les livres spirituels qui traitent le sujet ex professo, plus rares encore ceux qui s’efforcent de vulgariser ces idées ! Pourtant, ces vérités sont à la base de la vie spirituelle. Au fond, il n’y a pas lieu de trop s’étonner, quand on songe que même la simple doctrine de la grâce sanctifiante et de la présence réelle de Dieu dans l’âme, qui sont un des fondements de cette conception, étaient naguère un sujet rarement abordé par la plupart des prédicateurs et directeurs spirituels.

Puisse ce bref traité sur les effets de la grâce incréée en l’homme éclairer ceux qui, par la miséricorde divine, possèdent encore « des oreilles pour entendre et des yeux pour voir ».

La collection « Sine Me nihil » des Editions Sainte-Agnès a pour ambition de fournir aux chrétiens des ouvrages tant fiables par leur orthodoxie sans compromission avec le climat syncrétiste actuel, qu’édifiants par leur approche de la question de la vie spirituelle à la lumière de la doctrine de l’union au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ad majorem Dei gloriam !
Les Editeurs.
En la fête de S. Robert Bellarmin
(docteur de l’Eglise)dans l’octave de la Pentecôte 2008.